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"Les DST sous pression" - Club Techni.cités

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Notre partenaire La Gazette / club Techni.cités a interviewé notre vice-président national Jean-Luc Arnaud.

Les DST sont sous pression, révèle une étude de l’Inset Montpellier
Par FRÉDÉRIC VILLE • Club Techni.Cités
Une étude de l’Inset de Montpellier montre des Directeurs de services techniques (DST) sous pression : normes, dictature de l’immédiateté, perte de poids au sein des collectivités, recrutements difficiles… Notre analyse et les réactions de DST.


L’Inset de Montpellier (CNFPT) a publié début décembre une « Étude prospective sur l’évolution du métier de DST  », réalisée par Grégoire Saussus, ancien DST et à la tête du cabinet d’audit TIO2. Les directeurs des services techniques seraient 15 à 20 000 en France selon l’Association des techniciens territoriaux de France (ATTF). Alors que le métier est « en pleine mutation, dans son contexte (numérique, défis environnementaux, optimisation budgétaire, évolution des normes…) et dans la manière de l’exercer (positionnement hiérarchique, place des EPCI, rôle des élus, relation aux habitants…) », l’objectif de l’étude était de « mettre en évidence les tendances » et d’ajuster le cas échéant les formations.

« Le DST est devenu un couteau suisse »

Parmi les principales conclusions, l’étude pointe d’abord de « grandes transitions (risques naturels, inadaptation des infrastructures, raréfaction de l’eau…) amenant incertitude et questionnements ». « Les actions, plus complexes qu’avant, obligent à faire évoluer les méthodes, avec un besoin accru d’ingénierie et de concertation ». « Nous avons beaucoup d’acteurs en face de nous : région, département, État, Europe, bureaux d’étude, élus, riverains… », confirme Jean-Luc Arnaud, président délégué de l’ATTF, lui-même DST pendant 20 ans. Les normes se sont accumulées. « Au tout début de la crise sanitaire, le ministère de l’Éducation nationale envoyait un document de 60 pages… », se rappelle Jean-Luc Arnaud. Côté énergie aussi : « la question de l’efficacité énergétique des bâtiments, couplée le cas échéant à l’usage du BIM, rend le pilotage d’opération nettement plus délicat qu’avant », pointe l’étude. In fine, « le DST est devenu un couteau suisse, spécialiste de tout, mais expert de rien », constate Jean-Luc Arnaud. Le DST est « sous pression », acculé à la « dictature de l’immédiateté ». « Les nouveaux élus sont parfois déconnectés de la règlementation des marchés publics, illustre Jean-Luc Arnaud. Il ne suffit pas d’appeler et commander ! ».

Les réseaux sociaux incitent les élus plus de réactivité, pour répondre vite aux usagers, alors qu’il faut souvent du temps, pour s’apercevoir qu’une demande est d’ordre privé ou « pour apporter la bonne solution technique », selon Jean-Luc Arnaud. Cette relation aux usagers se complique d’une opposition qui monte face aux grands projets d’aménagement (méga-bassines, projets routiers…), auxquels sont associés les DST, qui les jugent eux souvent plutôt d’intérêt public. La multiplication des guichets uniques, souvent hors du champ hiérarchique des ST, oblige ces derniers à « processer » le suivi des demandes et à retravailler l’organisation des services.
L’étude dénonce « un poids au sein de la collectivité devenu probablement trop faible, un glissement vers une posture de service ressource plutôt qu’opérationnel ». Le travail en mode projet fait en effet souvent des services techniques un service support. La fonction des DST devient plus administrative et les postes sont pourvus davantage qu’auparavant par des agents de la filière administrative, plutôt que technique. Reste que souvent le DST n’est plus convié aux arbitrages d’investissements. « L’aspect technique passe après le côté financier. On cherche les subventions avant le projet », illustre Jean-Luc Arnaud. Et les services ressources (finances, marchés, RH…) ont imposé des process complexes à respecter.

La question des salaires, en-dessous de ceux du privé et freinés par le grade, est cruciale. «J'ai dirigé des services techniques de 90 agents pour un salaire de 2 000 euros nets. Du coup, certains DST sont recrutés comme contractuels, avec des salaires parfois supérieurs à ceux de titulaires ». Les DST eux-mêmes peinent à recruter leurs agents, qui en plus ont perdu en expertise technique, ce qui fragilise les équipes et l’action publique. Quand « un plombier à son compte peut espérer 2 500 à 5 000 euros nets mensuels, il est difficile de recruter », constate l’étude. Avec trois conséquences : un recours massif à des assistants à maîtrise d’ouvrage, et à des prestataires privés, et en filigrane la nécessité de professionnaliser encore davantage le pilotage par le DST.

Suite à cette enquête et face à ces constats, une actualisation de la fiche métier DST est lancée. Pour Vincent Bimbard, président de l’Association des ingénieurs et ingénieurs en chef territoriaux de France (AITF), « le métier est en perdition : beaucoup de communes ont un responsable des services techniques qui n’est pas DST. Les fonctions essentielles du DST (aménagement, urbanisme, habitat, mobilité…) sont traitées davantage en mairie et moins sous l’autorité du DST. Pour que celui-ci retrouve sa place avec le statut d’ingénieur qui va avec, il faut revaloriser la grille indiciaire et les avantages en nature, mais aussi le laisser redevenir le patron de l’aménagement dans la commune. Après le DGS, ce doit être lui le numéro 2, et non le DGA ».


Extrait de La Lettre d'information de l'ATTF - N° 83


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